Gagner ou rien d’Éric Scilien : Chronique littéraire
La petite rédac’ est toujours en quête de livres qui sortent des sentiers battus. Aujourd’hui, nous vous présentons Gagner ou rien ! Un ouvrage réalisé par Éric Scilien.
Dans ce roman court, vous découvrirez l’odyssée d’Alexandre, un enfant roi capable de tout pour obtenir ce qu’il souhaite.
Jusqu’où ira-t-il ? Découvrons-le ensemble.
Au programme :
- Les informations générales
- L’avis de la rédac’
#ServicePresse
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Les informations générales
Résumé :
Gagner, c’est le leitmotiv d’Alexandre.
Gagner pour être, pour exister. Un appel qu’Alexandre ressent depuis toujours et qui s’apparente presque à une injonction intérieure. De fait, il sort souvent victorieux de ses différentes confrontations. Jusqu’à ce que vienne le temps des dégâts collatéraux.
Une citation marquante ?
J’observe mon père.
Même s’il est moins moche, il ne vaut intellectuellement pas beaucoup mieux que la directrice. Il fait de son mieux mais il est limité. Résultat, il végète comme prof de maths dans un lycée. Quant à ma mère, elle semble se contenter d’un contrat temporaire à la médiathèque de la commune. Je crois que la seule chose qu’elle soit vraiment capable de réussir, c’est la tarte aux pommes. Et encore, elle réserve toujours la plus grosse part à mon père. Alors qu’elle ferait bien de me la donner, j’en ai besoin pour ma croissance.
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L’avis de la rédac’ sur Gagner ou rien
Le parcours d’un enfant roi
Selon la psychanalyste Simone Korff-Sausse, le concept d’« enfant roi » désigne un enfant maintenu « dans l’illusion de la toute-puissance infantile ».
De l’enfance à l’âge adulte, Alexandre bravera les embûches pour accomplir ses objectifs. Mais pas à n’importe quel prix. Tantôt brillant, tantôt immature, il semble oscillé constamment entre la psychopathie et la lucidité. Adepte de culture générale, il brille par ses prises de parole pleine d’esprit. Comme guidé par Machiavel en personne, il agira en stratège pour se hisser hors de la classe moyenne et arriver au sommet.
C’est un personnage froid et méprisant. Qu’il s’agisse des autres ou de sa propre famille. Enfant, il ne supporte pas les donneurs d’ordre et se complait dans son confort, déroutant tous les adultes qui osent le défier. Il s’agit d’un véritable anti-héros, simple à détester, dur à oublier.
Les personnalités des parents sont parfaitement travaillées. Ils apportent de la profondeur à la lecture et renforcent les sentiments négatifs que le lecteur peut ressentir à l’égard d’Alexandre. Cette approche Kafkaïenne donne de la puissance à l’intrigue.
Une intrigue bien ficelée
Le début de cet ouvrage réaliste retrace le parcours du combattant d’une femme rêvant d’être mère par dessus-tout. Il s’agit d’un personnage complexe qui confère une dimension tragi-comique au roman. En particulier du fait de sa relation conjugale et de sa relation avec son fils. Dans cet ouvrage, Éric Scilien propose une vision du couple détachée du romantisme et donc, proche du réel.
Adulte, Alexandre est un personnage au passé digne des plateaux-télé les plus dénigrants. Ce personnage acariâtre cache pourtant bien son jeu. Et l’histoire qui façonne son existence est captivante. Sa vie se déroule à un rythme effréné, ignorant la monotonie.
Une sensation d’empressement empêche le lecteur de reposer son ouvrage. Ce ressenti arrivera à son point culminant lorsque le personnage principal ira faire ses études. En effet, Alexandre est impatient. Impatient de grandir, impatient de devenir riche et puissant. Impatient de se surpasser et de devenir le meilleur.
Enfin, la conclusion révèle les moindres détails qu’on aurait pu manquer. Derrière cette personnalité déviante, se cache une famille dépassée, mais bien pleine d’humanité.
Une dimension philosophique
En outre, Alexandre est un véritable Narcisse. Loin de ses parents et envahi par un sentiment de toute-puissance, le personnage principal est accablé par sa propre turpitude. Comprendra-t-il cette morale ?
L’expression « Volonté de puissance » apparaît pour la première fois dans Ainsi parlait Zarathoustra, de Nietzche, dans la section Du dépassement de soi-même du livre II. Il ne s’agit pas uniquement d’une forme de velléité de puissance, mais d’un concept appliqué à la vie entière. Le passage suggère qu’il y a volonté de puissance partout où il y a de la vie, et que la volonté de puissance est plus forte que la volonté de vie.
L’auteur présente en réalité une véritable critique sociale, aux multiples lectures possibles, en mêlant thématiques économiques et sociétales et questionnements sur l’individu, le déclassement, la dépendance, la solidarité familiale, la solitude et la mort. Le lecteur prend progressivement conscience que la profondeur du récit ne réside pas vraiment dans le regard d’Alexandre mais dans la gravité des situations dans lesquelles il se trouve.
C’est un livre qui séduira particulièrement les adeptes de nouveau roman et de roman réaliste.
Note : 5/5
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À bientôt !