La Sorcière et le Prince : chronique d’une épopée inoubliable
C’est un dernier tome comme un sortilège d’adieu : vibrant, envoûtant, bouleversant. Avec La Sorcière et le Prince, Sunny Taj referme le grimoire de La Guilde des Supras dans un souffle final aux allures d’incantation tragique, là où la magie et le cœur battent à l’unisson.
Et il est vrai que peu de sagas, dans le paysage contemporain de la fantasy française, parviennent à clore leur arc narratif avec une telle intensité, une telle audace et une telle cohérence.
Chronique !
Une mécanique romanesque cousue d’étoiles

Résumé auteur :
Je suis une abomination qui n’aurait jamais dû exister. J’ai eu beau fuir ma communauté toxique, j’ai passé ma vie prisonnière, exploitée pour servir les desseins des uns et des autres. Et quand je pense enfin pouvoir recouvrer ma liberté, je me fais kidnapper par Elvar qui a saboté mes sorts de protection pour m’utiliser à son tour !
Mais, cette fois-ci, je choisis de me battre plutôt que de subir. Et ce n’est pas lui – un Prince, rien que ça ?! – qui va m’en empêcher. Il se croit puissant et au-dessus des Supras ? Il n’est pas au bout de ses surprises… Cependant, moi non plus, car il possède des pouvoirs insoupçonnés jusque-là…
Qui survivra à cette ultime bataille ? Parce que toute la magie du monde ne sera peut-être pas suffisante pour enrayer la guerre qui menace de tous nous détruire …
Plongez dans le dernier volet de cette saga d’Urban fantasy où Sorciers, Vampires, Loups-Garous et autres créatures surnaturelles s’affrontent pour dominer l’humanité.
Il est des auteurs qui tissent leurs intrigues comme des dentellières de l’ombre, et Sunny Taj appartient à cette école. Chaque tome précédent, en apparence foisonnant, parfois sibyllin, contenait en germe les révélations fulgurantes de ce dernier opus. Ce que nous prenions pour des poussières narratives — un regard en coin, une formule oubliée, une légende murmurée — se révèlent ici être les pièces d’un puzzle plus vaste, plus ancien, presque mythologique.
La lecture devient une chasse au trésor. On avance dans le texte comme dans un dédale, chaque page ouvrant un nouveau pan de sens. Et lorsque la lumière jaillit, elle éblouit.
Cette capacité à lier les fils du passé et du présent, à faire de la structure narrative elle-même un acte de magie, n’est pas sans rappeler les plus grands conteurs : Tolkien bien sûr, mais aussi Ursula K. Le Guin dans Les Chroniques de Terremer, ou Robin Hobb dans L’Assassin Royal. On retrouve chez Taj ce souci du détail, cette exigence de construction qui dépasse l’instant pour s’inscrire dans un cycle, dans un souffle.
Rebecca et Elvar, deux forces contraires dans une même tempête
Ce tome porte le souffle des grandes tragédies. Rebecca, sorcière rejetée, marquée dès sa naissance comme une « abomination », porte en elle l’intensité des héroïnes rebelles, des marginales alchimiques comme Morgane, Circe ou Mélusine. Elle refuse de plier, refuse de servir. Elle est feu, chaos, volonté pure. Et face à elle, Elvar — un prince, un ravisseur, un stratège — tout en silences, en secrets, en contradictions.
Leur rencontre n’est pas une romance au sens usuel : c’est un duel, une quête, une fusion orageuse. Ce couple impossible, forgé dans la trahison et la défiance, explore une vérité plus rare : l’amour comme espace de transformation et de puissance, non comme refuge.
Impossible de ne pas penser ici à Catherine et Heathcliff dans Les Hauts de Hurlevent, à l’intensité sombre d’un Erik et Christine dans Le Fantôme de l’Opéra, ou même à la complexité sensuelle d’un Rhysand et Feyre dans la fantasy plus contemporaine. Mais Rebecca n’est ni sauvée ni enfermée : elle s’affirme. Jusqu’au bout.
Une fantasy engagée, une sorcière contre le monde
Sous ses atours d’aventure épique, La Sorcière et le Prince est aussi un texte de résistance. Rebecca incarne un cri contre les structures de domination. Exploitée pour ses dons, manipulée par les puissants, privée de libre arbitre, elle renverse les codes classiques de la fantasy patriarcale.
Ici, la magie n’est pas l’apanage des lignées royales ou des prophéties choisies : elle est fluide, insoumise, dangereuse — et profondément féminine.
Sunny Taj fait résonner sa propre voix dans ce concert de réinvention, en donnant à son héroïne une profondeur politique et spirituelle rare.
Une magie poétique, une guerre prophétique

La guerre qui gronde n’est pas qu’un simple affrontement entre camps : c’est un choc des mémoires, une collision d’héritages. Sunny Taj convoque une magie ancienne, élémentaire, où les forces de la nature, du cœur et de l’oubli se disputent la domination. On y croise des reliques, des sorts interdits, des pactes brisés, des ombres réveillées — et surtout, cette sensation que rien n’est éternel, pas même la magie.
Ce n’est pas sans rappeler les grandes batailles des mythes antiques, ou les combats dantesques de la fantasy épique des années 80. Mais ici, pas de manichéisme. Tous les camps ont leurs failles, leurs secrets, leurs regrets. La guerre devient alors une tragédie grecque à ciel ouvert.
La Sorcière et le Prince : La fin d’une saga d’exception
La Guilde des Supras s’achève, et avec elle une aventure littéraire incandescente. Ce n’est pas simplement une saga de fantasy. C’est un cycle initiatique, une métaphore du combat intérieur, un chant d’émancipation.
Sunny Taj rejoint ici les bâtisseurs de mondes — ces écrivains rares qui ne se contentent pas de conter, mais qui sculptent des univers entiers dans l’imaginaire collectif. Et à l’heure où la fantasy francophone cherche sa place entre hommage et renouveau, La Sorcière et le Prince fait figure de modèle.
🌟🌟🌟🌟🌟 Note : 5/5 — Riche et mémorable !
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